Abstract: Soumise à une importante poussée démographique, l’île de La Réunion a vu sa population urbaine fortement augmenter – passant de 44 % de la population totale en 1975 à 95 % en 2015. Directement corrélée aux formes et dynamiques spatiales de l’urbanisation, l’empreinte lumineuse sur l’île a connu une mutation radicale ces dernières années : son emprise et sa pression ont considérablement augmenté sur l’ensemble du territoire, depuis la côte jusqu’à l’intérieur même du Parc national de La Réunion qui recouvre plus de 76 % du territoire insulaire (42 % pour la zone cœur). Acteur incontournable des enjeux environnementaux sur l’île, le Parc national a mené très tôt des actions autour des effets écologiques de l’éclairage artificiel nocturne. Sa mobilisation depuis plus de dix ans sur les conséquences de la pollution lumineuse, notamment sur des espèces phares comme le Pétrel de Barau (Pterodroma baraui), a progressivement institutionnalisé un événement dont la portée de mobilisation se déploie désormais à l’échelle insulaire : l’organisation des Nuits sans Lumière a constitué de ce point de vue une réussite avec la participation de nombreux acteurs associatifs à cet événement et l’implication d’une proportion importante de collectivités territoriales. Le caractère désormais incontournable dans l’agenda local de cet événement s’apprécie notamment à travers la diffusion de la pratique d’extinction de l’éclairage public opérée désormais par 19 des 24 communes de l’île pendant une période de 25 jours.Le Parc a toutefois conscience de la nécessité de franchir un palier : en dépit de son succès médiatique, la démarche des Nuits sans lumière est demeurée circonscrite à une approche principalement écocentrée et a entraîné un certain essoufflement au niveau des publics et des partenaires. Comme dans d’autres territoires, la construction médiatique d’une “nuit magnifiée” dans les espaces “patrimonialisés” du cœur de l’île participe d’un processus tendant à banaliser la dégradation de l’obscurité sur le reste du territoire. ...
No Comments.