Abstract: La question des publics de la culture est intimement liée à l’objectif de démocratisation culturelle qui visait à faire accéder le plus grand nombre aux formes de la culture légitime. Depuis une vingtaine d’années, les impasses de la démocratisation ont été mises en évidence : d’une part les enquêtes sur les pratiques culturelles des français ont montré l’absence de transformation de la structure des publics, d’autre part l’accès d’un grand nombre de français à des modes d’expression culturels nouveaux, parfois issus de la culture de masse, parfois autoproduits et qui ne s’ajustent plus totalement aux valeurs de la culture légitime ont remis en question les fondements même de l’idée de démocratisation. Sur cet écueil, de nouveaux rapports à l’art et à la culture s’inventent aujourd’hui. Tout d’abord, la diffusion artistique ne passe plus de façon privilégiée par les équipements culturels, au contraire, ils sont souvent accusés de susciter un rapport consumériste aux œuvres d’art qui risque de cantonner celles-ci à un rôle de loisir culturel, leur ôtant toute capacité d’induire une transformation sociale. Par ailleurs, le champ artistique et culturel ne peut plus être pensé aujourd’hui comme un champ autonome : on assiste à un décloisonnement des sphères, les acteurs culturels concevant de plus en plus de projets transversaux qui mêlent art et social, art et santé, art et réinsertion, art et éducation. De ce fait, la frontière entre action culturelle et animation socioculturelle se redéfinit actuellement alors même qu’elle s’était construite sur une différence idéologique majeure qui semblait insurmontable. Cette nouvelle donne place l’implication des populations au centre des projets artistiques et culturels. Ces derniers supposent une redéfinition des rôles, voire des positions entre médiateurs, animateurs et artistes dans une logique de participation citoyenne.
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