Abstract: Nous ne comptons plus le nombre de métaphores qui circulent en traductologie sur la figure du traductaire littéraire qui se voit qualifier de peseur·euse de mots (Larbaud, 1957 ; Bensoussan, 2005), de bricoleur·euse (Kaindl, 2005) ou encore de serrurier·ère (Saint-Martin, 2022). Suivant le contexte, iel peut également se voir affubler d’adjectifs en tous genres : horloger·ère, électricien·ne, jardinier·ère, couturier·ère, chorégraphe, etc. (Batista, 2014). Toutefois, peu de traductologues ou de professionnel·le·s de la traduction proposent d’analyser la figure du traductaire de chansons de comédie musicale, notamment à travers les liens qui l’unissent au texte à traduire et à son autaire. En raison de la nature profondément créative de ce type de traduction, nous proposons d’ajouter à la liste des métaphores celle du créaductaire et, partant, celle de la créaduction ; formulations dans lesquelles ‘traduction’ et ‘création’ sont synonymes.Notre conception de la traduction ainsi que notre processus traductif nous poussent à affirmer que, afin de traduire le plus fidèlement possible, le traductaire doit devenir l’autaire ; une symbiose déjà décrite par le poète Wentworth Dillon (cité dans Bassnett, 1998, p. 74) au XVIIe siècle :"Then seek a Poet who your way does bend,And choose an Author as you choose a Friend:United by this sympathetic Bond,You grow familiar, intimate and fond;Your Thoughts, your Words, your Styles, your Souls agreeNo Longer his Interpreter, but he."(Essay on Translated Verse, 1684)Par cette présentation, nous tenterons de démontrer que, dans notre contexte, nous assistons à une dissolution de l’autaire qui, au lieu de disparaître complètement, renaîtrait dans la figure du créaductaire. Nous démontrerons également que ces dynamiques complexes ne se limitent pas seulement à la relation traductaire-autaire, mais se retrouvent aussi au cœur de la relation entre traductaire et texte à traduire.
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