Abstract: À la fin du XIXe siècle, l’État éthiopien cherche à s’impliquer dans le domaine de la santé pour à la fois lutter contre les épidémies et apparaître sur la scène internationale comme un pays “moderne” donc puissant. En 1898, la fondation d’un premier hôpital à Addis-Abeba surgit comme une innovation sanitaire majeure qui inaugure la mise en place d’un système de santé public en Éthiopie. À la suite de cette initiative russe, le secteur sanitaire devient un lieu concurrentiel où les puissances européennes cherchent à offrir leur coopération pour déployer leur influence dans le pays. Si les historiens ont pointé les rivalités dans le domaine médical entre la France, la Grande-Bretagne, l’Italie et la Russie à Addis-Abeba, un travail reste à être mené pour Harar. Dans cette cité musulmane, éthiopienne depuis 1887, le gouverneur Ras Mäkʷännәn en se montre aussi modernisateur que l’empereur Ménélik II dans sa capitale. En 1901, il soutient notamment la construction de deux projets portés par des Français : la léproserie St-Antoine (la première du pays) et l’hôpital Ras Mäkʷännәn en (le second du pays), respectivement dirigés par les Capucins et le Dr. Vitalien. Cet article revient sur cette installation et interroge, au regard des archives diplomatiques et missionnaires françaises, la manière dont la France cherche à répondre au projet “progressiste” de Ménélik. Dans les deux premières parties de l’article, nous analysons les attentes de la France vis-à-vis de la léproserie et de l’hôpital. Dans la troisième, nous pointons les limites de l’investissement français dans le secteur sanitaire à Harar.
involved in the field of healthcare in order to fight against epidemics and to appear on the international scene as a “ modern” and therefore powerful country. In 1898, the first hospital foundation in Addis Ababa emerged as a major health innovation that inaugurated the establishment of a public health system in Ethiopia. Following this Russian sponsored initiative, the healthcare field became a major stake for European powers who were driven to compete against each other in offering their cooperation in attempts to engender their influence in the country. If historians have pointed out the rivalries in the medical field between France, Great Britain, Italy, and Russia in Addis Ababa, work remains to be done for influences in Harar. In this Muslim city, which has formally been a part of Ethiopia since 1887, Governor Ras Mäkʷännәn en of Harar was as modernizing as Emperor M enil ek II in the capital in his support of the construction of two French projects. Indeed, in 1901, the French Capuchins built the country’s first leprosarium and Dr. Vitalien built the country’s second hospital in Harar. This article looks back at this contribution to the health care system and questions, while taking into account French diplomatic and missionary archives, the way in which France sought to respond to the “ progressive” project of M enil ek. In the first and second parts of this article, I analyze what France expected from the Ras Mäkʷännәn en hospital and the St. Anthony leprosarium. I then move on to examine the limits of the French investment in the health sector in Harar.
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